Tous à la saif
Simplifiez-vous les droits avec la SAIF (société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe
Les droits d'auteurs c'est compliqué. La preuve… y'a un code rien que pour ça. C'est compliqué à expliquer et c'est compliqué à appliquer. Il y a tellement de mauvaises habitudes, de fausses vérités et de méconnaissances de la part des auteurs, des diffuseurs et des utilisateurs qu'une forme de fatalisme s'est installé. Mais c'est un droit. Et un droit, quand il est juste, ça se défend.
à noter que la loi sur les droits d'auteur n'empêche en rien l'auteur de laisser diffuser ses œuvres gratuitement.
Petit résumé des épisodes précédents…
En France, il y a deux types de droits. Le droit moral, qui protège l'intégrité de l'œuvre et le lien qui l'unit à son auteur. Celui-là, personne ne peut vous le prendre. Il est incessible et perpétuel. Mais, à moins d'être un fan des tribunaux, il ne rapporte pas un rond. Et les droits patrimoniaux qui définissent la contrepartie à l'utilisation de l'œuvre. En théorie, et hormis les exceptions du législateur, à chaque fois qu'une œuvre est présentée ou reproduite quelque part, avant les 70 ans post-mortem de l'auteur, ce dernier doit en être averti et une négociation financière allant de 0 à l'infini, aura dû être engagé.
Ça, en très résumé, c'est le cadre légal. Mais bien sûr, dans la pratique, c'est le bordel.
Entre les auteurs qui ne veulent pas en entendre parler (« je ne me considère pas comme auteur » ou « Je veux que mes œuvres circulent librement* – à mort les droits d'auteurs » et les auteurs qui ignorent comment ça marche (« ah bon ! Je peux demander ça ? » ou « mais, on m'a déjà payé pour le travail !, je vais pas faire payer en plus ! ? »), les diffuseurs, toujours prompts a faire quelques économies, peuvent se frotter les mains. Les auteurs entretiennent eux-mêmes la jungle ultra-libérale dans laquelle ils sont déjà empêtrés. En conséquence, même les auteurs qui voudraient faire respecter leurs droits se retrouvent pris dans ce rapport de force inégal avec leur commanditaire et craignent de voir partir le carnet de commandes chez un collègue sans scrupule, adepte du « libre de droits ». Le Paradoxe, c'est qu'en France le droit est plus favorable aux auteurs que partout ailleurs. Ce n'est que notre capacité à le faire respecter qui est en cause. On ne peut s'en prendre qu'à nous-même.
Comme souvent, quand la situation est critique, la solution est collective. Elle s'appelle Société d'Auteurs (les amoureux des sigles disent OGC pour « organisme de gestion collective »). Et elle permet de résoudre un certain nombre de désagréments.
Pour commencer, elles contribuent à rééquilibrer le rapport de force qui existe entre l'auteur et le diffuseur. L'auteur n'est plus seul face à son « employeur », et « l'employeur », trouve face à lui un interlocuteur qui maîtrise le sujet. Ensuite, les principes communs qui encadrent les tarifs de diffusion donnent de la clarté aux échanges et aux négociations. Les barèmes d'une société sont les même pour tous ses membres, ce qui permet, au passage, de désamorcer les fantasmes les plus fous sur les montants des droits. L'expertise des juristes des sociétés garantie aux auteurs, comme aux diffuseurs, le respect du dispositif légal. En bonne intelligence si tout se passe bien ou devant un tribunal si le diffuseur est récalcitrant. Enfin, au-delà des aspects individuels de gestion des droits, les sociétés d'auteurs permettent une veille sur les évolutions du droit et participent à combattre les altérations juridiques et à améliorer les textes et leurs applications.
Bien sûr, la seule existence d'une société d'auteurs ne résout pas d'emblée tous les problèmes. Les mauvaises habitudes sont tenaces et les adversaires au principe du droit sont pugnaces, mais il apparaît assez évident que plus les auteurs harmoniseront leurs positions moins les diffuseurs pourront s'asseoir dessus.
Mais j'entends encore quelques grognons pessimistes qui trouvent ça encore trop compliqué, perdu d'avance ou complètement anachronique à l'heure d'internet et de la mondialisation numérique.
Et là,… je leur dis « droits collectifs ! » à ces rabats-joie. Et j'observe, dans leurs regards interrogatifs, que j'ai piqué leur curiosité.
Résumons … encore…
Une société d'auteurs gère les droits de deux manières différentes.
Individuellement pour les droits que l'auteur a confié en gestion à la société et qui sont clairement identifiés comme étant les siens (les œuvres dont on peut identifier la diffusion) et collectivement, pour les droits confiés en gestion (obligatoire) des diffusions supposées sur tout les supports qui peuvent potentiellement servir à copier des œuvres (du CD au disque dur amovible, en passant par les clés USB et les smartphones).
Attardons-nous sur cette deuxième catégorie de droits car elle est moins connue et c'est pourtant là que se trouvent les plus gros enjeux. Ces droits ; dits collectifs ; sont perçus. Quoiqu'il arrive. Et obligatoirement par une société d'auteur (ce serait ingérable autrement). Ils représentent des sommes très importantes car à chaque fois que quelqu'un achète un support de copie potentielle, une micro-somme est collectée au titre des droits d'auteurs. Il s'agit d'une mécanique qui se répète autant de fois qu'il y a de mode de copie. Ce système est une contre-partie indolore pour les utilisateurs et équitable pour les auteurs. Ces sommes sont ensuite à répartir aux auteurs selon des modalités définies par les sociétés d'auteurs sur la base de dispositions légales. Il appartient donc aux auteurs d'aller les revendiquer. Et pour le faire, il faut adhérer à une société d'auteur.
Cette adhésion est le premier pas pour défendre ses droits. Ce premier pas est aussi celui qui permet aux auteurs d'entrer dans ces problématiques, d'en comprendre les enjeux collectifs et individuels pour ensuite être capable de résister aux tendances « libéralistes » de certaines pratiques.
Mais où ? Me direz-vous. Où faire ce premier pas ? En voilà une question qu'elle est bonne. Et pour une fois, la réponse est plutôt simple : à la SAIF !
Et pourquoi la SAIF s'il vous plaît ? Qu'est-ce qu'elle a de mieux que les autres ?…
La Saif est une jeune société (comparée aux autres) mais elle a déjà contribué à beaucoup d'avancée depuis sa création en 1999, notamment sur les questions des droits collectifs. Elle s'est très vite préoccupé des droits liés aux espaces numériques pour les arts visuels. Elle a été la seule société d'auteur à dénoncer l'absurdité d'HADOPI2 et à participer à l'élaboration d'un dispositif alternatif équitable en concertation avec les associations de consommateurs et quelques syndicats (dont le Snap-cgt). Elle a été la première OGC, en collaboration avec les organisations professionnelles, à s'engager et à obtenir un dispositif légal qui contraint les moteurs de recherches d'images (Google image par exemple) à payer des droits aux auteurs pour la diffusion des œuvres présentée dans ces pages. (Depuis, bien sûr, l'autre société des Arts visuels s'est empressée de reprendre cette lutte et cette victoire à son compte.)
Une société d'auteurs est un outil. La SAIF, comme les autres sociétés d'auteurs, a été voulue par les auteurs des organisations syndicales et professionnelles pour aller chercher des droits. Mais parce que les auteurs continuent de s'y investir, qu'ils participent et s'engagent dans les débats, c'est une société combative.
Ça tombe bien, les combats, c'est pas c'qui manque…
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